Spondylarthrite ankylosante et ostéoporose: intervenir à temps!

Les personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante sont plus souvent touchées par l’ostéoporose que la moyenne. La perte osseuse est favorisée par l’inflammation et peut entraîner des fractures. Il est donc d’autant plus important pour les personnes atteintes de spondylarthrite de bouger beaucoup – en plus d’une alimentation consciente et d’une exposition suffisante au soleil.

20 octobre 2022

Ce qui est poreux n’est pas stable – et menace de casser. Tel un mur fissuré ou une côte toujours plus érodée par les vagues qui finit par disparaître dans la mer. Cela peut arriver de manière semblable aussi à nos os. En tant que profanes, nous considérons pourtant souvent que notre squelette est quelque chose de stable qui nous porte tout au long de notre vie. Il a certes besoin du soutien des muscles, mais à part cela, le squelette fait son travail de manière relativement discrète.

C’est un peu différent dans le cas de la spondylarthrite ankylosante ou de l’ostéoporose. Dans le cas de la spondylarthrite ankylosante, nous avons des processus inflammatoires, très souvent dans les articulations ilio-sacrales ou dans la colonne vertébrale, qui causent de fortes douleurs. Dans le cas de l’ostéoporose, il s’agit – en termes simples – d’une usure des os au cours de la vie, plus précisément: d’une diminution de la densité osseuse. Les os ont une densité de la matière, tout comme l’eau ou un quelconque autre élément. Cette densité des trabécules et la paroi osseuse peuvent être mesurées à l’aide de la méthode dite d’absorption biphotonique à rayons X en double énergie (DEXA). L’appareil nécessaire pour déterminer cette valeur est appelé densitomètre. Il mesure la densité des trabécules, qui forment comme un filet à l’intérieur de nos os, et la paroi osseuse. Ce filet est constamment soumis au changement, des trabécules étant construites et de nouveau déconstruites par le travail des cellules osseuses. Dans le pire des cas, certaines connexions s’écroulent et des trous se forment dans le filet ou bien la paroi osseuse devient plus mince. On parle alors d’ostéoporose.

L’inflammation favorise la dégradation osseuse

Mais pourquoi les personnes souffrant de spondylarthrite ankylosante ont-elles un risque accru d’être touchées par l’ostéoporose? Tout d’abord, il est important de savoir qu’on ne remarque normalement pas l’ostéoporose. Elle se développe de manière indolore et se fait remarquer seulement lorsqu’une fracture osseuse se produit. Et il est alors la plupart du temps déjà minuit moins cinq pour commencer une thérapie. «Chez les personnes atteintes de spondylarthrite, nous avons certes des radiographies de la colonne vertébrale et du bassin. Mais on ne peut pas reconnaître une ostéoporose, sauf s’il y a des fractures caractéristiques», explique Dr Jürg Bernhard, spécialiste en rhumatologie, médecine physique et réadaptation. «Il est cependant judicieux chez les personnes atteintes de spondylarthrite d’inclure le risque d’ostéoporose de manière ciblée dans les examens», ajoute Dr Bernhard. Car les processus inflammatoires dans les articulations, qui causent aussi les douleurs et le raidissement de la colonne vertébrale lors d’une évolution grave, ont une influence sur la densité des os.

Dans le cas de l’ostéoporose et de la spondylarthrite ankylosante, beaucoup de facteurs différents sont en jeu. À part l’évolution de la spondylarthrite, l’âge et le sexe de la personne touchée jouent aussi un rôle important. Et selon Dr Bernhard, la prédisposition héréditaire est aussi très importante pour l’évaluation d’un risque d’ostéoporose: «La génétique représente 70 à 80%.»

Le facteur âge

Le facteur âge implique que la densité osseuse diminue chez toutes les personnes à partir de 50 ans – indifféremment de la spondylarthrite ankylosante. Environ à partir de ce moment-là, davantage de cellules osseuses dégradantes (ostéoclastes) que constructives (ostéoblastes) sont actives dans les os. Chez les femmes, cet équilibre commence en plus à basculer après la ménopause. Chez les personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante, ce «basculement » peut toutefois intervenir déjà auparavant, avant tout si la spondylarthrite ankylosante était active déjà tôt. «Chez la majorité des personnes concernées, la spondylarthrite ankylosante est active avant 40 ans», explique le Dr Bernhard. Cela a pour conséquence que l’ostéoporose ne peut pas seulement être plus forte chez les personnes atteintes de spondylarthrite, mais aussi plus précoce. Et plus l’évolution de la spondylarthrite ankylosante est longue, plus le risque d’ostéoporose est grand.

Collecte difficile

En raison du risque accru, des mesures de la densité osseuse devraient être effectuées régulièrement. Mais ceci n’est pas fait chez toutes les personnes atteintes de spondylarthrite. Dans le questionnaire de SCQM, il y a depuis le début de l’étude sur la spondylarthrite un passage au sujet de l’ostéoporose. La difficulté de l’évaluation et de l’interprétation de ces données ne réside pas dans la collecte des données, mais dans le tableau clinique lui-même. En l’absence de signes manifestes visibles, un médecin effectuera moins souvent un examen de la densité osseuse.

Mais la mesure DEXA n’est malheureusement pas le dernier mot de la science. On s’écarte de plus en plus de l’établissement d’un diagnostic seulement en raison de cette mesure, explique le Dr Bernhard. Il existe au contraire aujourd’hui différents outils d’anamnèse sophistiqués utilisés par les médecins traitants afin d’évaluer le risque de fracture d’un patient de manière appropriée. Car justement chez les personnes atteintes de spondylarthrite, la mesure à la colonne vertébrale n’est pas assez fiable en raison de la masse osseuse supplémentaire (syndesmophytes ou ponts osseux).

Gymnastique de la spondylarthrite et tai chi

Les fractures en relation avec l’ostéoporose n’ont pas toujours lieu de manière spontanée, mais sont souvent la conséquence de chutes. Mais il existe des études scientifiques qui démontrent que le risque de chutes peut être réduit avec des entraînements ciblés, de façon à ce que les os fragilisés ne soient jamais exposés aux coups. La boxe avec l’ombre chinoise, le tai chi, lorsqu’elle est exercée régulièrement, doit par exemple augmenter la stabilité des mouvements avant tout chez les personnes plus âgées. Les mouvements lents et contrôlés ont, selon une étude, mené au fait que le groupe des «boxeurs avec l’ombre» est significativement moins souvent tombé que le groupe n’ayant pas fait d’entrainement tai chi. Des formes spéciales de danse (p. ex. selon Jaques-Dalcroze) ont pu provoquer une diminution des chutes.

Que cela soit le tai chi ou la gymnastique de la spondylarthrite de toute façon recommandée dans le cas de la spondylarthrite ankylosante: la fonction ou compétence musculaire est particulièrement importante pour l’ostéoporose. Et celle-ci dépend aussi de la masse osseuse. Cela va donc de soi que le mouvement joue un rôle important aussi dans le cas de l’ostéoporose. On devrait donc bouger autant que possible, car cela réduit «automatiquement» le risque de chute. Une administration supplémentaire de calcium et de «vitamine du soleil» D3 est recommandée avant tout en hiver, car celle-ci a un effet anti-inflammatoire et stimule la croissance de la fibre musculaire.

Y penser!

Lorsqu’une ostéoporose a une fois été diagnostiquée, il n’y a souvent pas de moyen d’éviter un traitement médicamenteux de la perte osseuse. Les bisphosphonates, ayant pour effet de raccourcir la durée de vie des cellules osseuses dégradantes (ostéoclastes), font entre autres partie des médicaments usuels.

Le fait que nos os nous portent souvent de façon aussi désintéressée et discrète tout au long de notre vie, nous fait peut-être aussi perdre conscience de l’importance de leur bonne santé. C’est seulement lorsque nous avons des douleurs ou que nous ne pouvons plus bouger comme nous l’aimerions, que nous prenons conscience de leur importance. Souvent, les douleurs dans le dos ou au niveau de la nuque sont par contre interprétées de façon erronée comme des poussées. «Il pourrait cependant aussi s’agir d’une fracture vertébrale due à l’ostéoporose», dit Dr Bernhard. C’est pourquoi il est important de toujours garder le risque accru d’ostéoporose à l’esprit lorsqu’on est atteint de spondylarthrite ankylosante.

Voici comment soutenir l'ossature

Pour une prévention ou un traitement individuel de l’ostéoporose, veuillez vous adresser à votre médecin de famille ou à un rhumatologue. Voici les points les plus importants pour la prévention (Source: Association Suisse contre l’Ostéoporose):

  • apport suffisant en calcium (500-1000 mg/jour)
  • apport suffisant en vitamine D (800-1000 U/jour, éventuellement supplémentation en vitamine D)
  • alimentation équilibrée avec un apport protéinique suffisant (1g/kg de poids corporel)
  • activité physique régulière
  • prévention des chutes
  • éviter les facteurs de risque (tabagisme, excès d’alcool; prise de médicaments influençant le métabolisme osseux [glucocorticoïdes, antiépileptiques, thérapie hormonale thyroïdienne suppressive, etc.])
  • considérer éventuellement une thérapie hormonale substitutive pour les femmes en ménopause précoce en tenant compte du rapport risques/bénéfices.

Version remaniée d’un article paru dans la revue «vertical» No 67.