De la fatigue à l’incapacité de travail

La fatigue ou l’épuisement sévère et disproportionné est un symptôme important et souvent sous-estimé de la spondylarthrite. En plus d’un diagnostic précoce, d’autres mesures sont nécessaires dans ce qu’on appelle un «window of opportuny» afin d’éviter une éventuelle incapacité de travail.

20 mai 2019
De la fatigue à l’incapacité de travail

L’intérêt pour les thèmes de l’absentéisme et du présentéisme augmente, car on suppose qu’ils pourraient représenter des indicateurs pour une future incapacité de travail. L’absentéisme désigne l’absence répétée au travail, la notion contraire présentéisme une réduction de la productivité au travail. La présente étude a pu montrer pour la première fois qu’il existe un lien direct entre la fatigue et l’absentéisme, le présentéisme, la productivité au travail et les restrictions quotidiennes de l’activité. A côté des douleurs inflammatoires et de la mobilité éventuellement restreinte, la fatigue est l’un des symptômes les plus importants de la spondylarthrite ankylosante.

L’étude a été réalisée au Royal National Hospital for Rheumatic Diseases (RNHRD) de Bath (Royaume-Uni). 490 patients ont participé à l’étude (76 % masculins). Tous les participants répondaient aux critères ASAS pour la spondylarthrite axiale (Assessment of SpondyloArthritis international Society) et avaient entre 18 et 85 ans. Les patients atteints d’autres maladies graves ont été exclus de l’étude.

Qui est moins fatigué se sent «en meilleure santé»

Les résultats de l’étude montrent que la fatigue a une plus grande influence sur l’absence d’une personne au travail que l’activité de la maladie (mesurée à l’aide du BASDAI, Bath Ankylosing Spondylosis Disease Activity Index) ou les restrictions fonctionnelles (mesurées à l’aide du BASFI, Bath Ankylosing Spondylitis Function Index). Par ailleurs, l’étude montre que la fatigue a également un impact majeur sur les domaines en dehors de l’activité professionnelle, tels que par exemple le ménage, les loisirs et la gestion des contacts sociaux. Néanmoins, il y avait des corrélations entre le niveau de fatigue, l’activité de la maladie (BASDAI) et la restriction fonctionnelle (BASFI). Un niveau plus faible de fatigue était en corrélation avec un meilleur bien-être subjectif. On peut en déduire que les patients se sentaient généralement en meilleure santé lorsque le niveau de fatigue était faible.

Ces résultats coïncident avec le constat du quotidien clinique selon lequel beaucoup de patients spondylarthritiques indiquent qu’ils contrôlent certes bien la douleur avec les analgésiques, mais qu’ils se sentent fortement restreints par la fatigue. Il reste toutefois à clarifier si la fatigue est déterminée principalement par l’activité de la maladie ou aussi par des facteurs sociodémographiques ou psychologiques. Les auteurs de l’étude émettent l’hypothèse que de nombreux patients se forcent à aller au travail malgré les douleurs et les restrictions, mais qu’ils en souffrent fortement lorsque le niveau de fatigue est assez grave.

Un meilleur traitement mène à une meilleure capacité de travail

Les auteurs de l’étude concluent qu‘un diagnostic et un traitement aussi précoces que possible, la promotion de l’arrêt du tabagisme ainsi que le soutien pour l’amélioration de la fatigue sont d’importants éléments pour améliorer la capacité de travail des patients.

Les limites de l’étude se trouvent selon les auteurs avant tout dans le fait qu’elle se concentre sur un seul pays et que dans d’autres pays s’appliquent non seulement d’autres lois pour la sécurité sociale, mais aussi d’autres normes culturelles concernant le travail et la maladie. L’influence des médicaments n’a pas non plus été prise en compte dans cette étude.

Espahbodi, S., et al. «Fatigue contributes to work productivity impairment in patients with axial spondyloarthritis: a cross-sectional UK study.» Clinical and experimental rheumatology (2017).